• 57 minutes et 51 secondes.

    Bon c'est vrai que je raconte pas mal de choses perso ici mais c'est toujours plus facile de parler des autres (mes enfants) que de soi.

    Aujourd'hui je vais parler de moi. Je t'en parle maintenant car hier j'ai franchit une étape importante pour moi alors ça y est je peux t'en parler.

    21 aout 2015: c'est presque la fin des vacances. Je reprends le travail le 24. J'ai eu la chance de passer mes vacances avec ma famille dans une jolie maison avec piscine. J'ai d'ailleurs bien profité de la piscine; j'ai nagé tout les jours, seule, en tous cas, sans enfants; de 30 à 50 minutes par jour. Mais la fin des vacances approche et je n'ai pas de piscine dans mon appartement. J'aimerai continuer ce rythme qui me fait du bien; je me bouge; je fais quelquechose pour moi; sans enfants; au calme.

    J'ai l'énorme chance et j'en suis consciente, crois moi, de ne pas avoir de gros problèmes dans ma vie; et ce 21 aout, j'ai envie de pleurer car cette réalité je la sais: dans ma vie, dans mon quotidien (même si c'est celui un peu speed d'une maman qui bosse avec 2 enfants, comme tout le monde quoi), pas de problèmes majeurs. En revanche, et c'est là que ça fait mal, je sais que quelquechose me dérange, me gêne: mon corps. Il n'est plus celui de mes 20 ans. Je ne me trouve pas moche mais je n'aime pas mon corps ou plutôt mon ventre. Rien que de l’écrire et te l'avouer aujourd'hui ça me fait encore un peu mal.

    Je regarde cette maison bien rangée, les valises devant la porte (nous partons le lendemain) et je feuillette les ELLE que je n'ai pas eu le temps de lire pendant les vacances assise sur un canapé face à cette piscine...

    Mon regard tombe par hasard sur une pub pour une course en duo: la course Elle Run Marionnuad pour fêter les 70 ans du magazine. C'est une course en duo (j'adore l'idée) sur 7 km (ce chiffre ne me semble pas énorme) le 18 octobre.

    Là c'est le déclic: en rentrant je vais courir. Je peux courir quand je veux, autour de chez moi. J'ai déjà des chaussures adaptées pour la course (achetées en 2012...peu servies).

    J'annonce à mon mari qu'à partir de lundi (le 24) j'irai courir le matin tôt. Je ne lui parle pas de la course. Je sais qu'il ne voudra pas la faire avec moi; pas son truc.

    Je cours pour la première fois le 25 (ouai parceque le 24 aout il fait 17 degrés et il pleut des cordes...le choc thermique est rude après mes vacances dans le Luberon,) ; non en fait je ne cours pas; je n'y arrive pas. Je marche. Je marche rapidement. Et je peux te dire que marcher rapidement à 6h30, sur plus de 3km pendant 36 minutes (oui j'ai gardé un historique...parceque ce sont mes petites victoires à moi). et bien pour moi, ça n'est finalement pas de tout repose.

    Lors de cette première marche rapide, je croise une copine (maman de 4 enfants) par hasard; elle marche rapidement elle aussi; nous nous saluons de loin; mais cette rencontre imprévue me booste.

    Je réalise que 7 km ce n'est pas si "court" que ça mais je sais, je veux y arriver...

    Début septembre je me dis quil faut que j'appelle la personne à laquelle je pense pour faire la course avec moi. J'espère qu'elle va accepter parceque je sais que courir avec elle...avec lui en l’occurrence ce serait ultra motivant.

    Cette personne c'est mon petit frère; il a 18 mois que moins que moi mais 27cm de plus (1,92m) et 7 pointures de plus (il chausse du 47). Ça te donne une idée du gabarit, plutôt sportif du garçon. Mon frère est ultra sportif: voile, course...

    Il accepte; ça le fait rire; 7km; 7km ça le fait rire. Mais il va le faire avec moi...pour me faire plaisir. Je suis ravie.

    Je m'inscrit (nous inscrit) donc pour la première fois à une course; inscription en ligne; je suis fébrile...je valide...

    Notre inscription est validée. Je suis sur un petit nuage. Je ne dis toujours rien à mon mari.

    Quasiment un jour sur 2 je me réveille à 6h15 et je suis dehors à 6h30. Je suis ultra motivée. Et surtout le bienfait des vacances est toujours là (je m'en apercevrais quelques semaines plus tard...ça ne peut pas durer hein...).

    Petit à petit, mon parcours s'allonge. Après 2 semaines de marche rapide, je commence à alterner course et marche sur quelques dizaines de mètres. Le souffle est là mais le physique non. Mes muscles ont mal...

    Je parle de ma "reprise sportive" autour de moi. Beaucoup de personnes et plus particulièrement à mon travail me soutiennent, me conseillent. Et ben , je peux te dire que ça fait du bien.

    Bon il y a ceux qui te regardent comme si tu leur racontais que t'avais monté un étage à pieds...mais ceux là, rapidement je ne leur parle plus...

    Je ne garde que les personnes bienveillantes autour de moi.

    Après 4 semaines d'entrainement, j'annonce fièrement à mon mari que je me suis inscrite à la course...il me félicite pour ma motivation. Je suis reboostée.

    Je marche, je cours, je marche, je cours. A 6h30 il fait froid mais à 6h37 j'ai chaud. Je rentre, j'ai mal. Mais la douleur me rappelle mes efforts et du coup je l'accepte.

    Fin septembre, la course se rapproche mais la fatigue revient. Le réveil à 6h15 n'est plus possible. J'ai peur de ne plus avoir la force de m'entrainer. J'ai peur d'arrêter.

    Heureusement je pars 2 jours en déplacement professionnel à l’étranger et la salle de sport et la piscine de l'hôtel (et mes 2 collègues motivantes) me remotivent.

    Tant pis, je n'irai plus courir. je n’irai plus courir à 6h15. J'irai courir le soir, quand les enfants seront couchés et le mari rentré.

    La course, le soir, ce n'est pas facile. Pas facile de "redémarrer". Redémarrer après une journée de boulot et une fin de journée avec 2 enfants. Pas facile de redémarrer après le boulot, le bain , le diner, le linge sale, le lave vaisselle à lance, le lave linge à vider, le sèche linge à vider...

    Mais la course est trop proche, je ne peux pas et ne veux pas lâcher.

    J'angoisse un peu. J'angoisse de ce que j'ai pu entendre: "tu vas marcher pendant ta course?"..."euhhh oui..."Je doute. Je me fixe des objectifs et des temps: courir 3,5km en moins de 30 minutes...7km en moins d'une heure...

    Voilà, je veux faire cette course en moins d'une heure.

    Vendredi 17 octobre: ce soir début les vacances scolaires. Les enfants ont la tête en vacances.

    Moi je pense au compte à rebours. Mon compte à rebours. Dans 2 jours je vais courir. Courir avec mon frère mais avec plein de personnes autour de moi.

    Et si ces personnes me jugent? Si elles me regardent? Si elles se disent "non mais elle court, elle marche..."

    Moi qui jusque là me disais "je m'en fiche, je fais la course, c'est tout ce qui compte" je commence à penser à plein d'autres choses...et particulièrement aux autres. Les autres. Ceux qui courent. Ceux qui courent bien;. Ceux qui courent vite et bien. Ceux qui ont l'habitude. Ceux pour qui 7km c'est une promenade de santé...stooooooppppp. Stop. Je dois arrêter de penser à tout ça.

    Samedi je dois aller chercher les dossards au "village" de la course au bois de Boulogne. J'y vais avec mon fils. J'ai profité de ce premier samedi des vacances pour faire une activité avec lui: nous avons fait un cours de pâtisserie ensemble...et ça m'a vidé la tête. Objectif atteint.

    En marchant jusqu'au village je croise une femme avec qui j'entame la conversation; elle va elle aussi chercher les dossard pour elle et son binôme (une amie). Ce n'est pas sa première course. Elle a une fille de 6 ans. Elle a un peu de gras (moins que moi) et elle fume (pas moi). Elle est normale. Elle est comme moi quoi. Elle me dit qu'elle aime bien l'ambiance des courses. Que personne ne se juge. Que je dois mettre mon dossard sur mon ventre et pas sur ma poitrine parceque sinon c'est pas pratique...Bref cette conversation inattendue et rapide me déstresse...Je ne la croiserai pas le lendemain. Dommage.

    Samedi soir. J'envoie des messages fébriles à mes copines qui courent souvent et bien (des marathons tout ça tout ça) pour savoir quoi manger pour le dîner...je me doute que je ne vais pas me taper une raclette...ni une salade...

    Je me couche tôt mais je dors mal car, ben oui, je suis angoissée (si à ce stade de ta lecture j'ai encore l'air détendue c'est que tu ne m'as bien cernée).

    7h15: mon réveil sonne mais je suis déjà réveillée.

    Je me prépare.

    7h30: mon fils me demande pourquoi il n'y que mon frère et moi sur le sac de la course...mais oui pourquoi???? Cette petite phrase me détend.

    Ce que je ne t'ai pas dit...parceque j'avais peur...et aujourd'hui je suis fière

    8h: je pars récupérer mon frère.

    8h30: il dort encore, méga détendu. Il est rentré à plus de minuit.

    9h30: nous partons. Sur le chemin il m'explique qu'il va courir avec moi, qu'il va avancer, revenir sur ses pas, mais qu'il ne franchira pas la ligne d'arrivée sans moi; même s'il est capable de le faire en moins de 30 minutes. Il m'explique que ça va lui faire du bien de courir longtemps aujourd'hui...je réalise à quel point c'est faciel pour lui.

    10h: nous sommes devant la ligne de départ. La course démarre à 10h30. Il y a une super ambiance. Musique, échauffements, rires...

    Il fait froid.

    Je m'attache le truc (que j'ai acheté la veille) au bras pour mettre ma musique et pour savoir où j'en suis en termes de temps/km...

    10h30: les premiers sur la ligne de départ s'élancent. Nous suivons le flot des coureurs. J'ai peur que ce soit la cohue mais tout se fluidifie. Mon petit frère me dit que je pars trop vite, je ralentis.

    2km en courant. Je marche. Il revient sur ses pas pour me remotiver et repart. Tout les km, une affiche du Elle...un peu de glamour au milieu de mon souffle, mon gras, ma sueur...Tout les km il revient sur ses pas et me rejoins.

    3km: il me retire mon gilet et me dit de retirer ma musique et mon temps...pour profiter. Il prend tout dans son sac à dos. Un peu de fraicheur...

    3,5km: ravitaillement d'eau. Je ne vais pas en prendre je vais perdre du temps. Un gentil bénévole m'apporte un gobelet en carton pour pouvoir boire sans perdre de temps. Merci. Une fanfare entame "Wild Wild West"...j'ai envie de chanter..mais non, je vais perdre du temps...

    Je cours, je marche. Je marche, je cours.

    Il court, il court...mais en sens inverse.

    "Elle court avec un coach?"

    Non elle court avec son petit frère...

    6km: le dernier. Le plus facile. A 2. La ligne d'arrivée affiche 1h et 20 secondes. Je ne veux pas faire 1h01...je cours; je cours vite. Je passe la ligne d'arrivée....NOUS passons la ligne d'arrivée.

    J'ai envie de pleurer de joie. Merde, c'est quoi cette émotion? Je ne vais pas pleurer pour ça? Je suis contente; super contente; fière, super fière.

    Il me dit que de toutes façons j'ai couru en moins d'une heure puisque nous ne sommes pas partis les premiers.

    J'ai froid. J'ai chaud. J'ai froid. J'ai chaud.

    J'ai faim.

    Je veux voir mon résultat; le vrai. 57 minutes et 51 secondes...

    57 minutes et 51 secondes. C'est moi. C'est ma première course. Ma première course mais pas la dernière.

    Voilà; j'avais peur de te le dire; j'avais peur de l'écrire. Aujourd'hui je suis fière de moi (et mon gras est beaucoup plus ferme...)

    Merci à mon petit frère qui du coup a couru 14 km...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    6
    Mardi 20 Octobre 2015 à 15:44

    Merci Fanny, Mumissime et MumChérie!!! Vos messages me touchent bcp.

    5
    Mardi 20 Octobre 2015 à 11:15

    Félicitations ! pour la course, le texte, l'émotion, les révélations... 

    Me mettant moi même à la course, je comprends tout ce que tu dis, et il me tarde de faire ma première course.

    Ne t'arrête pas là !!!

    4
    Mardi 20 Octobre 2015 à 09:49
    MumChérie

    Bravo, j'ai même été émue juste en te lisant tellement je comprends tes sentiments qui seraient aussi les miens si j'avais le courage de me lancer. 7km me semblent déjà un exploit, surtout quand on commence... Tu forces l'admiration, encore bravo !!!

    3
    Mardi 20 Octobre 2015 à 07:38
    Bravo pour ta ténacité. J'admire. Moi aussi j'aimerais faire un sport et m'y tenir...peut-être que s'inscrire à une course est labsolution, avoir une date butoire doit motiver?!
    2
    Lundi 19 Octobre 2015 à 23:33

    Oh merci Christina...je vais encore pleurer...

    1
    Christina
    Lundi 19 Octobre 2015 à 23:32
    Je suis fière de toi...la prochaine je la fais avec toi ;)
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